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Numéro 4 - Mars 2015




L’embarras du choix

À propos du film The Smell of Us de Larry Clark

Vanessa Sudreau

The smell of Us est un film sans histoire, des images qui forment à peine un récit. Le premier plan nous immerge d’emblée au sein d’une bande en train de skater sur le parvis du palais de Tokyo à Paris. Avec leurs planches, les jeunes contournent et survolent un corps en épave à même le sol, c’est le corps d’un clochard, incarné par Larry Clark lui-même. Les kids utilisent ce corps telle une contrainte de l’environnement, ils ne lui accordent pas plus d’intérêt qu’à une rampe, un banc, un obstacle sur lequel s’appuyer. Il n’y a pas d’agressivité patente : le corps est un simple objet. Dès le premier plan, un tableau se découpe entre le corps-déchet du vieillard et la splendeur des corps fluides des kids.

Nous suivons, perdons et retrouvons la bande de jeunes, tantôt sur leur planche, tantôt devant leur lycée, dans des squats, des caves, des chambres d’hôtel et beaucoup plus rarement chez eux. Beaucoup de scènes de groupe, très peu de conversations : des scènes de nus alternent avec des scènes textiles : les kids couchent les uns avec les autres sous l’œil acéphale du smartphone de Toff, l’un des personnages de la bande qui ne voit le monde qu’au travers de l’écran perpétuel par lequel il le fait passer. Nous partageons la vie de ces jeunes tantôt par l’image somptueuse de la caméra de L. Clark, tantôt par l’écran verdâtre du portable de Toff. Personne ne dit rien ou presque, pas de règle du jeu, pas de jeu de l’amour et du hasard, exit « les choses de l’amour ».

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